La réalisation d’un plan d’aménagement forestier (PAF) constitue l’une des premières étapes de la démarche d’aménagement forestier durable pour un propriétaire de boisé. Ce document résulte habituellement du premier mandat confié à un conseiller forestier, le seul professionnel légalement autorisé à rédiger un « PAF ».
Une consultation complète et détaillée avec le propriétaire est requise pour mener à bien la production du plan qui sera valide pour dix (10) ans. Ainsi, l’ingénieur forestier se renseignera d’abord sur les objectifs du propriétaire. Ceux-ci peuvent être multiples et variés, citons notamment de mettre du bois en marché, de produire du bois de chauffage, d’exploiter une érablière ou d’attirer la faune pour la chasse. Il sera également important de déterminer le degré d’implication du propriétaire quant à la mise en œuvre du plan. Le conseiller forestier pourra ensuite offrir les services qui répondent le mieux aux besoins du propriétaire forestier.
Lors de la réalisation du plan d’aménagement forestier, l’ingénieur forestier doit effectuer une planification à partir de cartes forestières, photos aériennes, cartes des zones sensibles, données cadastrales et autres données descriptives du terrain qui permettent de caractériser la forêt à aménager. Cette étape permettra également de planifier la visite du terrain à réaliser idéalement en compagnie du propriétaire. Lors de cette visite, le conseiller forestier ira valider et préciser l’information disponible sur l’état des peuplements forestiers[1].
Une bonne marche en forêt est nécessaire pour aller recueillir des données et observations notamment sur la composition du boisé (espèces présentes), la densité, la hauteur, l’âge et la structure des peuplements forestiers. Il sera également pertinent de noter la présence de régénération naturelle, le drainage naturel du sol, la pente du terrain, les obstacles, les sentiers ou chemins d’accès ainsi que toute autre information utile afin de décrire le plus fidèlement possible l’état actuel de la forêt.
La présence du propriétaire lors de cet inventaire de reconnaissance permettra d’enrichir la cueillette d’information puisque celui-ci pourra fournir les indications sur l’historique des interventions ou perturbations survenues aux différents endroits visités. En échange, celui-ci bénéficiera des commentaires du conseiller forestier sur l’état des peuplements et de leurs potentiels.
À ce stade-ci, le rôle du conseiller forestier sera d’offrir des conseils pratiques et des réponses concrètes aux préoccupations du propriétaire.
[1] Déf. : Ensemble d’arbres ayant une uniformité jugée suffisante quant à sa composition floristique, sa structure, son âge, sa répartition dans l’espace, sa condition sanitaire, etc., pour se distinguer des peuplements voisins, et pouvant ainsi former une unité élémentaire sylvicole ou d’aménagement. (Source : Dictionnaire de la foresterie, Ordre des ingénieurs forestiers du Québec, 2003.)
Au retour, le conseiller forestier consignera et analysera les données géoréférencées recueillies sur le terrain pour concevoir la cartographie des peuplements forestiers à insérer au plan. Le document contiendra une description sommaire ou détaillée des peuplements avec des recommandations d’aménagement forestier. Ces suggestions du conseiller forestier seront en lien avec l’état de la forêt, les objectifs du propriétaire et avec la fragilité du milieu décrite au préalable. Ces recommandations refléteront le potentiel de la forêt, elles seront émises selon les règles éprouvées et reconnues de la sylviculture ou de la science du génie forestier. Ainsi, le plan d’aménagement forestier constitue un excellent outil de connaissances à la portée du propriétaire désirant améliorer son patrimoine forestier.

Au-delà du contenu du PAF, l’enregistrement des superficies forestières qui y sont décrites et les engagements du propriétaire qui signe son plan lui permettront d’obtenir un statut de producteur forestier reconnu en vertu de l’article 130 de la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier. Ce statut ouvre l’accès au Programme d’aide à la mise en valeur des forêts privées (aide financière), à l’obtention de plants de reboisement produits par l’État ainsi qu’à plusieurs avantages fiscaux disponibles. Avec la complicité du conseiller forestier accrédité par une Agence de mise en valeur des forêts privées et le support des programmes de l’État, le propriétaire sera soutenu financièrement lors de la mise en œuvre des recommandations de son plan.
Auteur : Jean-Sébastien Malo, Ing.forestier