Portrait de propriétaire de boisé privé – Clément Ricard

Clément Ricard est un entrepreneur forestier des plus passionnés. Il possède plusieurs lots boisés répartis dans six municipalités de Lanaudière, totalisant presque 300 hectares de forêts.

Il n’était pourtant pas issu du domaine forestier, il a d’abord fait des études en ébénisterie. Sensibilisé à l’importance de la qualité du bois pour faire de bons meubles, il a commencé à s’intéresser aux traitements sylvicoles permettant d’améliorer la qualité du bois des forêts.

Il a reçu sa première terre en héritage de ses parents, en même temps que son frère et sa sœur, en 1985. Le premier a fait des études en biologie et la deuxième en comptabilité. De fils en aiguille, la fratrie a commencé à entretenir elle-même leurs boisés et à développer leur entreprise forestière, Les produits forestiers Ricard inc. Ils développeront alors la passion pour la forêt.

Au fil du temps, M. Ricard a commencé à travailler à temps plein dans le domaine. Il a perfectionné ses techniques sylvicoles et collabore maintenant avec une ingénieure forestière de la firme Sylva Croissance pour réaliser des plans d’aménagement forestier, en concordance avec leurs objectifs.

Photo: Association forestière de Lanaudière

Parallèlement à ces travaux, il a longtemps été impliqué dans le développement de l’aménagement des boisés privés. D’abord mandaté sur le comité chargé, par le ministère, de développer les traitements sylvicoles en terres privées. Puis, à la création des Agences de mise en valeur des forêts privées, il s’est investi en tant que président du conseil d’administration pendant plusieurs années, en plus de siéger au syndicat des producteurs de bois de sa région.

Sa vision de l’aménagement                                     Par: Martine Veillette

Depuis plus de 25 ans, l’entreprise développe des lots de forêts privées en les laissant se régénérer par eux-mêmes. Clément Ricard soutient que cette formule est gagnante pour lui et ses actionnaires. « Pour les feuillus, les semences naturelles coûtent moins cher, nécessitent moins d’ouvrage et ont un rendement supérieur versus le reboisement », avance-t-il.

Photo: Association forestière de Lanaudière

Le producteur forestier cite en exemple un de ses lots où ils ont extrait l’équivalent en volume de ce qui s’y trouvait en arbre lorsqu’ils ont acheté, et il reste encore des arbres. « Ils ne sont pas tous de même. Celui-là est très performant », souligne-t-il.

Lorsque son équipe sélectionne un lot, il le choisit avec soin et privilégie les forêts qui ne sont pas à maturité. Clément Ricard les appelle « les forêts qui viennent au monde ». Il explique que naturellement au moins la moitié des arbres tomberont avant d’arriver à maturité. « On la prend avant que les arbres commencent à s’éliminer d’eux-mêmes. On choisit les tiges en fonction de celles qui seront les plus performantes », relate l’actionnaire. Il précise également choisir les géniteurs qui permettront l’ensemencement naturel. Par exemple, pour un lot de merisiers à la suite du premier éclaircis, il restera 800 tiges à l’hectare. La qualité du sol est également à prendre en considération pour sélectionner les essences qui seront privilégiées sur une terre.

Environ 35 % du volume sera enlevé lors de l’éclaircie. Clément Ricard soutient qu’en une dizaine d’années la forêt aura regagné le volume de bois prélevé. Tout ce bois récolté est minutieusement classé par type de produit et ensuite envoyé dans différentes usines qui le transforment. Ce qui permet aux propriétaires de gagner leur vie de ce métier. Par contre, ce procédé sera rentable si la qualité du bois est au rendez-vous.

Des travaux sur une érablière

Avec le temps, des voisins qui les ont vu travailler ont sollicité leurs services. Par exemple, depuis novembre, ils travaillent à développer une érablière à forfait. Ils procèdent avec le même principe en éclaircissant l’endroit et en priorisant les érables à sucre. La qualité du sol est aussi observée afin de s’assurer qu’il est adapté à cette essence. « Lanaudière, c’est un beau coin pour l’acériculture », assure Clément Ricard.

Ensuite, il dégage les cimes pour avoir un espace d’un à deux mètres entre chacune. « C’est l’idéal parce que les érables sont toujours en compétition et veulent combler le vide. Ils vont développer leurs racines, faire plus de feuilles et de bourgeons. Ça va les forcer à couler plus », explique le producteur forestier. L’objectif est d’arriver à avoir entre 180 à 200 entailles par hectares. Un minimum de 150 est requis pour être rentable. Leurs travaux se poursuivront jusqu’au printemps.

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Photo: Association forestière de Lanaudière

Une demande grandissante pour le bois

Clément Ricard affirme sentir une demande grandissante des consommateurs pour le bois. Il estime que l’utilisation de ce matériau provenant de forêt québécoise doit être davantage exploitée dans la construction de meuble. Il souligne que pour l’instant l’importation est encore importante dans ce secteur. « Quoi de plus écologique que de prendre un arbre d’ici pour créer un meuble », dit-il en rappelant que c’est une ressource renouvelable.

Toutefois pour suffire à la demande, ce producteur forestier estime qu’on devra faire appel davantage aux forêts privées, qui sont, selon lui, sous exploité. « Au Québec, il y a plusieurs producteurs qui vivent de la forêt. Il va y en avoir de plus en plus. C’est un beau secteur d’avenir », mentionne-t-il.

 

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