Mise en valeur du potentiel forestier
L’Abbaye Val Notre-Dame est un monastère situé à Saint-Jean-de-Matha. Motivés par le besoin de tranquillité et d’équilibre, les moines ont acquis une terre de 187 hectares pour s’offrir l’espace qui allait leur donner une pleine liberté et de l’intimité. Au fil du temps, ils ont développé un mode de vie intrinsèquement lié à la forêt. Ils ont découvert tout le potentiel qu’elle recèle, entre autres, au niveau des comestibles forestiers et de la production de bois. En effet, ils exploitent la forêt en développant des sous-produits alimentaires issus des produits forestiers non ligneux (PFNL). Le développement des PFNL dans leur lot boisé est un revenu pour la communauté tout en leur permettant de mettre en valeur leur mode de vie en harmonie avec la nature.
S’entourer d’experts
Frère Emmanuel, moine au titre d’économe, est responsable des différentes ressources de l’Abbaye, dont la forêt. Puisque leur forêt fait partie de leur quotidien, il semblait donc important pour la communauté d’en prendre soin et de la mettre en valeur. Ainsi, ils ont choisi de réaliser des travaux d’aménagement forestier, afin de permettre à la forêt de s’épanouir et d’être en santé. Pour ce faire, ils se sont entourés d’experts, afin que ceux-ci puissent les conseiller sur les meilleurs traitements à réaliser. Aussi, les conseillers sont en mesure de planifier des travaux dans le respect de la nature et qui répondent réellement aux besoins des propriétaires. Frère Emmanuel travaille donc en équipe avec des ingénieurs forestiers de Ressources forestières biotiques, une entreprise locale en service-conseil forestier accréditée par l’Agence des forêts privées de Lanaudière.
Frère Emmanuel se dit chanceux d’avoir une bonne relation avec sa conseillère forestière. Elle a réalisé un plan d’aménagement forestier qui permet de définir les priorités au niveau de l’entretien du boisé. De plus, grâce au savoir-faire de l’ingénieure forestière au dossier, Emmanuel a appris les bons traitements à appliquer à la forêt, afin de lui redonner sa pleine santé.
« Si on laisse la forêt à elle-même, il y aura du bois mort et plein de branches au sol qui bloquent la régénération. Il faut donc l’entretenir afin de développer tout son potentiel », nous a-t-il expliqué.
Ayant peu de connaissances sur l’aménagement forestier, les moines de l’abbaye ont délégué les travaux d’aménagement à leurs conseillers pour s’assurer que le tout soit fait en harmonie avec la forêt.
Des travaux à plusieurs vocations
Des travaux d’aménagement pour l’entretien de la forêt
Les premiers travaux concernaient surtout l’élagage d’une plantation de pin rouge. L’objectif était de favoriser la croissance des champignons sous le couvert forestier. De plus, certains peuplements forestiers seront prochainement en processus de récolte, essentiellement pour des raisons d’entretien. Par exemple, une pessière mature, d’environ cinq hectares, fera bientôt l’objet d’une coupe progressive. Plusieurs frênes se trouvent déjà en régénération ce qui n’est pas souhaitable compte tenu de la présence de l’agrile du frêne, un insecte ravageur. Ainsi, à la suite de la coupe partielle, un dégagement sous couvert sera effectué afin de pouvoir reboiser avec des essences de feuillus nobles qui sont plus durables.
Avec la venue de ces travaux, nous avons demandé à Frère Emmanuel si cela n’allait pas perturber les activités de l’Abbaye.
« Ça fait partie de la vie d’avoir des travaux en cours en forêt. C’est une façon de prendre soin de la nature et de la garder en bonne santé », nous a-t-il mentionné.
Pour lui, les gens doivent comprendre que l’entretien de la forêt est indispensable pour sa santé et sa mise en valeur.
Des plantations qui permettent le développement des PFNL
Le projet à long terme de la communauté de l’Abbaye dans l’aménagement de leur forêt est nul doute l’amélioration, la santé et la mise en valeur de celle-ci. Il vise aussi le développement des PFNL afin d’assurer un approvisionnement de ressources continu pour la confection de leurs sous-produits. C’est en réalisant des plantations, comme celle de sapins baumiers, qu’ils peuvent continuer de s’approvisionner tout en respectant la ressource. Cela évite son épuisement, tout en contribuant au maintien de la qualité de la forêt pour les générations futures. D’autres espèces ayant un potentiel comestible sont aussi reboisées comme le noisetier, le noyer noir ainsi que le caryer ovale.
Des plantations pour produire du bois
Des travaux de reboisement d’érables rouges, d’érables à sucre et de chênes à gros fruit ont aussi été réalisés dans le but de diversifier l’écosystème forestier qui les entoure et de favoriser des tiges qui seront destinées à la récolte de bois. Les revenus provenant de la vente de bois permettent de payer les travaux d’entretien dans la forêt. Les moines de l’Abbaye reboisent environ 100 arbres par année, afin d’assurer un équilibre forestier sur leur terre ! Les bénéfices des plantations seront rapportés plus tard et Frère Emmanuel nous indique que
« lorsqu’il s’agit de la forêt, le rythme est plus lent et on n’a pas le choix de respecter ce rythme. »
Auteure : Marianne Chartier-Boulanger, Chargée de projet aux communications à l’Association forestière de Lanaudière