Éducation des jeunes forêts : choisir des arbres pour le futur
Il s’agit d’un type de traitement applicable aux jeunes forêts dont les arbres sont de dimension non commerciale (diamètre plus petit que 9,1 cm à 1,3 mètre du sol). Ce genre de peuplement est généralement issu d’anciennes coupes totales ayant entre 10 et 30 ans. L’élément limitatif dans ce type de peuplement est la lumière. La compétition est forte entre les jeunes tiges afin d’avoir accès au soleil, c’est pourquoi les arbres sont de faible diamètre par rapport à leur hauteur. Le but de ce traitement est de dégager les arbres d’avenir qui sont choisis selon leur vigueur, l’essence et leur implantation dans le milieu. Ce traitement consiste donc à l’élimination des tiges concurrentes à l’aide d’une débroussailleuse ou d’une scie à chaîne. Étant donné la dimension non-commerciale des arbres abattus, ceux-ci sont laissés sur le parterre de coupe. En général, il existe deux types de traitement qui peuvent être réalisés chez un propriétaire forestier dans ce type de forêt :
Éclaircie précommerciale résineuse
Ce type de traitement est effectué lorsque le peuplement est à dominance résineuse (épinettes, sapins, etc.). La sélection se fait par l’ouvrier sylvicole sur le terrain et le choix des tiges à dégager est déterminé par des directives opérationnelles. Le dégagement se fait de manière systématique, c’est-à-dire que l’élimination des arbres et arbustes se fait systématiquement autour de l’arbre choisi avec un espace variant entre 2 et 3 mètres.
Éclaircie précommerciale feuillue
Ces travaux sont réalisés lorsque le peuplement est à dominance feuillue (érables, bouleaux, chênes, etc.). La sélection se fait par le technicien forestier qui indique à l’aide de peinture ou de rubans les arbres qui devront être dégagés. Le but est de dégager les arbres d’avenir en favorisant ceux qui présentent un bon potentiel pour le sciage. Outre la santé de l’arbre, le dégagement se fait sur des tiges ayant le moins de branches possible. Ce traitement est appelé éclaircie précommerciale par puits de lumière étant donné que l’ouvrier sylvicole doit dégager environ 1mètre alentour de la cime de l’arbre choisi.
Travaux commerciaux : améliorer la qualité, la productivité et le renouvellement de la forêt
Plusieurs interventions forestières peuvent être réalisées dans les forêts où les arbres ont une valeur marchande. En en général, il est possible de regrouper les méthodes de coupes dans la classe des coupes partielles ou la classe des coupes totales. Les coupes partielles sont les plus fréquemment utilisées en forêt privée, alors voici une description des principales méthodes utilisées.
Éclaircie commerciale : une forêt à améliorer
L’éclaircie commerciale est un traitement d’éducation réalisé dans un jeune peuplement forestier de structure équienne (arbres relativement du même âge). Comme son nom l’indique, la moyenne des diamètres des arbres du peuplement doit être considérée commerciale afin de pouvoir pratiquer ce traitement.
Objectif visé
L’objectif des travaux est de dégager les tiges dominantes et/ou de meilleure qualité de leurs compétiteurs les plus proches, en prélevant des tiges de moins bonne qualité ou de plus petit diamètre. Ce traitement vise donc à accélérer la croissance des arbres qui seront dégagés et à améliorer la qualité du peuplement forestier. Ainsi, le potentiel de production de bois est réparti sur un nombre limité d’arbres de meilleure qualité. À noter que plus l’intervention se fait tôt dans la vie d’un peuplement, plus l’objectif d’amélioration pourra être atteint.
Critères généraux
Un peuplement apte à être éclairci doit se caractériser par une forte densité. Le prélèvement doit se situer entre 30 et 40% de la surface terrière du peuplement. Il est possible d’effectuer plusieurs coupes d’éclaircie commerciale dans un même peuplement, mais il est recommandé d’attendre une période d’au moins 10 ans entre les deux interventions. Après traitement, on doit dénombrer un minimum 500 arbres de qualité par hectare dans un peuplement résineux de sapin, épinette, pin gris et mélèze, et un minimum 300 tiges à l’hectare pour les peuplements feuillus et autres résineux. Ce type de traitement est souvent réalisé dans une plantation, mais peut aussi être exécuté en forêt naturelle.
Coupe progressive : une forêt à régénérer
La coupe progressive est un traitement sylvicole qui permet de récolter et d’aménager un peuplement forestier selon une séquence bien établie de coupes partielles. Celles-ci s’étendent dans le temps, sur environ un cinquième de la révolution, et consistent à établir une ou plusieurs cohortes de régénération, se retrouvant sous une canopée d’arbres semenciers matures. Elle s’inspire des régimes de perturbations naturelles associés aux différentes régions du Québec (chablis, vents dominants, feux, etc.) Il existe trois types de coupe progressive (régulière, irrégulière et celle d’ensemencement). Il est à noter que nous pratiquons essentiellement la coupe progressive d’ensemencement en forêt privée.
Objectif visé
L’objectif principal de ce type de traitement vise à favoriser, voire établir, une régénération naturelle en feuillus tolérant ou bien en résineux dans des peuplements présentant des carences au niveau de cette régénération (partielle ou absente). L’établissement de la régénération se fait par l’ouverture du couvert forestier, tout en laissant en place des semenciers matures d’essences recherchées.
Critères généraux
Ce type de coupe s’applique essentiellement aux peuplements résineux ainsi qu’à des peuplements naturels mixtes à dominance résineuse ou feuillus tolérants de qualité. La structure du peuplement doit être équien, c’est-à-dire que les arbres de la strate dominante ont le même âge tout en ayant atteint la maturité. Afin de respecter les critères et la conformité des travaux, un prélèvement de 30 à 50% de la surface terrière initiale est requis. Il est important de noter que selon la séquence établie, la coupe progressive d’ensemencement peut se terminer par une coupe totale des arbres matures lorsque la régénération naturelle sera suffisamment établie et prête à remplacer les arbres-semenciers.
Coupe de jardinage : maintenir l’équilibre et améliorer la qualité
La coupe de jardinage est une intervention qui vise à récolter périodiquement du bois dans des peuplements ayant une structure inéquienne, c’est-à-dire où les arbres ont une hauteur et une grande variété d’âge différente.
Objectif visé
Les forêts qui sont sujettes aux coupes de jardinage sont les vieux peuplements de feuillus tolérants et de forêts mixtes. L’objectif est de garder, ou bien d’établir une structure inéquienne dans le peuplement par la coupe des arbres sénescents de toutes les classes d’âges. Le tout en gardant un couvert forestier et ainsi favoriser la croissance des essences tolérantes à l’ombre.
Critères généraux
Une coupe de jardinage est une coupe périodique qui peut être effectuée à un intervalle de 10 à 15 ans. L’intensité de prélèvement avec ce type de coupe est d’un maximum de 35% et d’un minimum de 20% de la surface terrière. La coupe de jardinage doit augmenter la qualité du peuplement, ce qui se fait en récupérant les arbres malades, défectueux ou mal formés. En suivant ce critère, on s’assure qu’il n’y a pas de surexploitation qui mettrait en péril le renouvellement de la forêt. Pour s’assurer d’une conformité du traitement, un marquage des arbres qui seront coupés est obligatoire pour ce type de coupe.
Coupe de récupération : une intervention ciblée
Ce type de traitement consiste à récolter les arbres de diamètres marchands dans un peuplement dont les arbres sont tués ou affaiblis par une perturbation naturelle (chablis, épidémie, feu et verglas) avant que le bois devienne inutilisable.
Ce type de traitement consiste à récolter les arbres de diamètres marchands dans un peuplement dont les arbres sont tués ou affaiblis par une perturbation naturelle (chablis, épidémie, feu et verglas) avant que le bois devienne inutilisable.
Objectif
L’objectif est donc de récupérer le capital forestier tout en établissant et/ou protégeant la régénération naturelle.
Critères généraux
Le prélèvement de la coupe de récupération partielle se situe entre 25 et 50 %, alors que celui de la coupe de récupération totale est de plus de 50%. En forêt privée, dans la région de Lanaudière, on effectue ce type de traitement principalement dans trois cas. Dans les forêts feuillues dont les hêtres sont atteints par la maladie corticale du hêtre, ainsi que dans les forêts comprenant des frênes fortement touchés par l’agrile du frêne. En effet, ces deux maladies d’origines entomologiques sont désormais très répandues dans la région et celles-ci évoluent, malheureusement, de manière fulgurante dans nos forêts. La coupe de récupération est donc tout indiquée comme alternative et est une solution à ce genre de problème. En forêt résineuse à dominance de sapins matures, cette coupe peut être utilisée pour récolter les arbres qui sont sujets aux chablis ou bien en voie de l’être.
Auteure : Gabriel Bourgeois, ing. f
Sources
Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (2020). Cahier de références techniques en forêt privée Juillet 2020, Québec, Gouvernement du Québec, Service de la forêt privée, 59p.
Ministère des ressources naturelles (2013). Le guide sylvicole du Québec, Tome 2. Les concepts et l’application de la sylviculture, ouvrage collectif sous la supervision de C. Larouche, F. Guillemette, P. Raymond et J.-P. Saucier, Les Publications du Québec, 744 p.
Ordre des ingénieurs forestiers du Québec, 2009. Manuel de foresterie, 2e éd. Ouvrage collectif, Éditions MultiMondes, Québec, 1544p. + 32p. coul.